Si chaque projet de relève permet de conserver une partie de l’histoire d’une communauté, c’est encore plus vrai quand ce projet prend forme dans un village de 500 habitants. Rencontre avec Isabelle Beaulieu et Jean-François Chouinard qui ont pris la relève de la Scierie Avignon située à Saint-Alexis-de-Matapédia, et ce, en harmonie avec les valeurs humaines qui font la renommée de l’entreprise depuis plus de 20 ans.
L’entreprise, en bref
La Scierie Avignon offre des services de sciage et de vente de bois. Elle produit un éventail de produits en bois, notamment du bois de construction, du bois pour patio et des madriers. Elle est reconnue dans la région pour son offre de services sur mesure et son expertise dans le sciage de bois aux dimensions non conventionnelles qui ne sont habituellement pas disponibles en quincaillerie.
Comment s’est présentée à vous cette opportunité de relève d’entreprise ? Quelle est VOTRE histoire de relève ?
Originaires de Baie-des-Sables et de St-Léandre dans la Matanie, les deux entrepreneurs opéraient depuis quelques années une scierie. Ils étaient cependant à la recherche d’un nouveau projet commun qui leur permettrait de s’établir à long terme. C’est alors que Jean-François a vu l’annonce de M. Leblanc sur le site Web Mon entreprise à vendre et qu’il a pris contact avec lui : « J’ai parlé avec Richard. Il n’avait pas encore trouvé d’acheteurs qui correspondaient à ce qu’il recherchait. Il souhaitait notamment trouver quelqu’un qui allait continuer d’offrir le service pour la clientèle locale et qui allait privilégier l’achat local », explique Jean-François.
Sensibles à ce que M. Leblanc souhaite et déterminés à démontrer qu’ils sont les acheteurs qu’il recherche, Jean-François et Isabelle prennent le temps de s’impliquer dans l’entreprise. Quelques semaines avant la transaction, les deux entrepreneurs sont même présents à la scierie deux jours par semaine, pour travailler avec M. Leblanc. Une belle leçon de persévérance, puisqu’à l’hiver 2024, Isabelle et Jean-François s’entendent avec M. Leblanc sur la vente de l’entreprise. « Quand on a travaillé avec Richard, on a appris à se connaître. Il a vu qu’on avait de l’expérience et qu’on avait le potentiel de reprendre l’entreprise », se remémore Jean-François.
En quoi votre entreprise se démarque-t-elle particulièrement ?
Si l’entreprise est aujourd’hui reconnue dans son milieu, c’est beaucoup grâce à l’approche humaine et locale qu’avait mis en place M. Leblanc. Par exemple, l’entreprise est ouverte au public à plusieurs moments de la semaine, ce qui permet à la communauté d’avoir un contact direct avec les propriétaires.
Pour Jean-François et Isabelle, conserver cet ancrage dans le milieu était primordial dans leur projet de relève. D’abord, ils ont conservé le nom de la Scierie, déjà bien connue dans la région. Ensuite, ils ont poursuivi le travail amorcé par M. Leblanc afin de mettre en valeur les produits issus du bois récolté localement : « Ce qui nous démarque, c’est qu’on a régulièrement des projets qui nous permettent de mettre en valeur des produits locaux issus des Plateaux », explique fièrement Jean-François.
Quels changements avez-vous apportés à l’entreprise ? Comment souhaitez-vous la faire évoluer dans les prochaines années ?
À leur arrivée, les deux entrepreneurs ont procédé à des ajustements afin de rendre la scierie plus efficace et adaptée pour le travail. Ils ont alors procédé à l’achat de nouveaux équipements et réaménagé l’intérieur de la scierie. De plus, le couple a effectué quelques travaux afin de rendre le bâtiment plus confortable pour la saison hivernale.
Sensibles à la conservation de l’environnement, Isabelle et Jean-François ont également apporté quelques changements qui leur permettent d’optimiser les ressources. Par exemple, ils ont converti un de leurs équipements à l’électricité et ils ont fait l’ajout d’une broyeuse à bois : « Une des choses géniales qu’on a faites c’est d’ajouter le chiper. Il nous permet de transformer toutes nos délignures en biomasse », précise Jean-François. Dans les prochaines années, le couple souhaite davantage faire rayonner les produits de l’entreprise à l’extérieur de la région, tout en restant en cohérence avec leur approche locale et à échelle humaine.
Qu’est-ce que le soutien de la SADC vous a apporté dans votre projet de relève ?
Les deux entrepreneurs ont obtenu de l’aide financière grâce au Fonds d’investissement de la SADC, ce qui leur a permis de compléter le financement nécessaire à l’acquisition de la scierie. « Ce que je trouve intéressant, c’est qu’il y a eu une bonne communication entre la SADC et la MRC. On n’a pas eu besoin de recommencer l’ensemble des démarches avec la SADC, il y a eu un lien qui s’est fait », témoigne Jean-François.
Quels conseils aimeriez-vous donner à une personne qui souhaite se lancer dans un projet de relève ?
Jean-François et Isabelle ont su bien s’entourer dans leur projet, ce qui leur a permis d’être bien soutenus tout au long du processus de transfert. Selon eux, c’est l’une des principales clés dans un projet de relève : « Ça prend quelqu’un de l’extérieur. On veut faire un plan d’affaires, un montage financier, etc., mais on en oublie tout le temps parce qu’on est trop concentré sur l’objectif final ». Un autre beau témoignage qui nous fait réaliser qu’un projet de relève est d’abord et avant tout, une histoire de rencontres humaines.
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À propos de Jean-François Chouinard et Isabelle Beaulieu
D’abord intervenant sportif et agricultrice, Jean-François et Isabelle ont progressivement donné de plus en plus de place dans leur vie à la forêt et tout ce qui en découle. En 2024, ils ont décidé de faire de la transformation de bois leur mode de vie, en assurant la relève de la Scierie Avignon.